Canopée : une inauguration au goût amer

(mise à jour du 5 avril) La Canopée des Halles a été inaugurée en petit comité. Des invités venus pour l’occasion, et qui ne reviendront pas souvent, vont se pâmer entre deux petits fours, impressionnés par le bâtiment. Accomplir ne partage ni cet enthousiasme, ni le champagne car pour nous, la Canopée est une suite de déceptions.

Le résultat de 2016 n’a pas grand chose à voir avec les esquisses qui avaient remporté les suffrages du jury (*) en 2007 : la feuille légère, ondoyante et translucide est devenue un toit culminant à 17 mètres, reposant sur 7000 tonnes de métal, quasi-opaque. D’après nos observations, un éclairage artificiel est allumé sous la structure toute la journée ! L’entretien, outre son coût démentiel, promet d’être compliqué, alors que les pigeons ont déjà élu domicile sur les ventelles".

Architectes et ingénieurs se sont fait plaisir, les perdants étant comme toujours les usagers. Nous avons de sérieux doutes sur le fonctionnement futur de cette Canopée et de ses équipements. Les premiers constats ? Des salles de répétition du Conservatoire trop exigües, l’absence regrettable d’auditorium, la faible lumière naturelle dans les locaux… L’impression générale est que les matériaux et les finitions sont « cheap » et résisteront mal au temps et à la forte fréquentation.

Enfin, comment se réjouir d’une « inauguration » quand elle arrive après six années et surtout 100 nuits de travaux, et qu’il reste encore plus de deux ans de chantier ? La gare RER et son indispensable mise en sécurité, le jardin (dont la moitié déjà livrée cumule erreurs de conception et réalisation bâclée), ainsi que la rénovation du quartier piéton sont loin d’être achevés. Pour ce dernier, c’est un comble, il faudra se contenter d’un rafistolage a minima, le dépassement de budget de la Canopée empêche par exemple de mettre en place des solutions innovantes pour le contrôle d’accès des véhicules dans la zone piétonne.

Pour les usagers quotidiens du site, notons toutefois quelques points positifs, comme les nouveaux accès directs à l’espace RATP. Mais pour le vrai bilan de cette opération à 1 milliard d’euros, dont la Canopée n’est qu’une étape, rendez-vous à la fin du projet. Pas sûr que l’ambiance sera à la fête.

(*) dont un représentant d’Accomplir faisait partie

Canopée : une inauguration au goût amer (version pdf)

17 réflexions sur « Canopée : une inauguration au goût amer »

  1. Le manque de coordination des travaux, la mauvaise gestion des accès aux différents niveaux, les zizanies entre UNIBAIL et la Ville de PARIS sur qui paye quoi, pèsent très lourdement quotidiennement sur notre usage du FORUM qui est essentiellement l’accès aux transports et parkings. Après autant d’années de travaux on pouvait espérer revenir à une situation de circulation piétonne à peu près normale mais il n’en est rien et pour un certain temps encore.
    Ne parlons pas des dysfonctionnements de la Canopée les jours de pluie ……
    Tout cela vous le savez comme moi, mais il est bien que les représentants associatifs soyez nos porte-paroles les jours de réunion sur les travaux où vous seuls êtes présents. Nous sommes très désabusées puisque nous vivons tout cela au quotidien. La Maire de Paris bien évidemment n’aura rien vu et su de tout cela puisque tout lui était occulté le jour de sa venue pour l’inauguration du toit.

  2. La Canopée, c'est aussi beau qu'une Tour Eiffel renversée qui aurait viré au vert caca d'oie, et aussi laid qu'une usine d'Arcelor Mittal désaffectée...
    Les arbres de la forêt amazonienne doivent en frémir jusqu'à leur cime...
    Franchement, en matière de lourdeur, on n'aurait pas pu faire mieux.. ah, que l'architecte ne pût s'inspirer de la légèreté et délicatesse des Pyramides du Louvre...
    Comme dit le futur proverbe des franciliens riverains du quartier : « Sans parapluie à la Saint-Eustache sous la Canopée, de fientes de pigeons tu seras bombardé ».

  3. J'aimerais comprendre comment un projet peut être présenté à un concours alors que le sujet de la sécurité, en l'occurrence la sécurité incendie, n'a pas été prise en compte. Il aura fallu que ce soit les pompiers qui l'évoquent. Cela me paraît aberrant.

  4. Bonjour à tous!
    Je trouve le résultat magnifique et donne une image d'un Paris moderne tout en préservant son côté historique.
    En effet la structure préserve la skyline historique du quartier tout en offrant un monument phare symbolisant le Paris du XXI siècle pour toutes les personnes transitant par ce hub de dimension internationale.
    La couleur est parfaite est rappelle pour moi la couleur de la pierre de nombreux bâtiments de Paris. Elle donne un ton chaud à la structure qui change des couleurs traditionnellement grise/blanche des structures modernes.
    Cependant en effet le quadruplement du budget est assez inquiétant surtout quand on sait ce qu'on pourrait faire avec 1 milliards d'euros pour aider l'emploi, la santé, l'éducation dans notre pays. Il faudrait savoir pourquoi un tel dépassement a eu lieu, est-ce dû à des besoins encore plus exigeants en études, analyses, sécurisation du projet ...?
    Je conçois que pour des riverains cette nouvelle structure détonne (en bien ou en mal) avec le passé, que ce soit par rapport à la précédente structure (horrible) qui avait remplacé elle même les magnifiques halles Baltard.
    Cependant ne voyez-vous par l'intérêt général derrière ce projet : bâtiment symbolique pour le cœur de Paris + projet qui permet de faire travailler des milliers de personnes dans un pays qui subit depuis longtemps un chômage important ?
    Tout projet symbolique à un coût (Notre Dame, Tour Eiffel, Paris d’Haussmann, La défense ...) mais fait progresser notre pays aussi bien d'un point de vue économique que historique, la France serait-elle la première destination touristique sans la Tour Eiffel ? Notre-Dame ? le Paris d'Haussmann? et serait-elle la 5éme/6éme puissance mondiale?

    1. Je respecte vos goûts. J'ai le sentiment opposé car pour moi cette canopée n'en porte que le nom. Je regrette la partie à ciel ouvert de l'ancien forum qui permettait de voir vraiment le jour entre deux phases shopping. De plus j'ai l'impression que cette ouverture avait un aspect non négligeable du point de vue évacuation des fumées. Je trouve aussi que cette structure n'est en rien innovante (elle le fut sur le papier) car ni esthétique ni même efficace !
      L'ancien forum avait très mal vieilli par manque de soins et avait 30 ans. Cette canopée est toute neuve mais je la trouve déjà datée. C'est ennuyeux.

    1. Se réjouir de quoi? De l'argent du contribuable dilapidé? Des 100 nuits de travaux? Du gigantesque cadeau fait à Unibail-Rodamco dont le PDG ne pouvait cacher sa joie lors de l'inauguration? Des deux ans (minimum) de travaux à venir? Du ciel qui a disparu du Forum des Halles? Des 7000 tonnes de ferraille qui se sont abattus sur le quartier des Halles? Du jardin sans aucun intérêt? Des rues du quartier dans un état de délabrement avancé? Du quartier piétonnier qui n'en sera jamais un faute de contrôle sérieux aux points d'entrée?
      Non vraiment, pas de quoi se réjouir...

  5. Je ne connais pas le dossier. Mais, je lis dans les commentaires que tout le problème vient de carences de formalisation des engagements des parties prenantes au projet : réflexe de bon sens, si les parties prenantes n'ont pas formalisé leur accord - elles qui maîtrisent parfaitement l'art des clauses - c'est qu'elles ne voulaient pas laisser de traces de leur stratégie. Ces stratégies ne peuvent pas manquer d'avoir existé. D'ailleurs, on peut se demander si les contribuables ne pourraient pas se rebeller et mettre en cause la responsabilité des élus qui ont présidé à ces réalisations sans formalisation des accords.
    Quant à affirmer, comme le fait le commentaire "Le1er", que les habitants du quartier devraient se réjouir que, pour leur quartier riche, la Ville dépense encore beaucoup d'argent, c'est ulcérant car 1) la communauté des contribuables pâtit d'une dépense incontestablement excessive puisque le prestige ambitionné tombe à plat du fait du ratage et 2) les parisiens qui ont besoin d'un plus grand déploiement du service public pâtissent du souci d'économie que la Ville brandit alors. Qui pourrait le nier ?

  6. Passant devant l’entrée Lescot entièrement dégagée, j'ai été frappé par l’évidence de l’inutilité totale du toit entre les deux ailes.
    Indépendamment du choix de la couleur l’impression qui se dégage est que tout est lourdingue. La plongée vers la Bourse du Commerce ressemble à un dégueuloir, au contraire il aurait fallu une remontée.
    Sans ce toit la vue sur Saint-Eustache serait sublime, la lumière serait partout, et les ailes du bâtiment apparaitraient belles comme elles le sont, sans que cela se voit.
    Bref, dans quelques années, quand ce toit aura mal vieilli et menacera de s’écrouler sous le poids des fientes de pigeons, il suffira de le démonter pour que tout rentre dans l’ordre.
    Il y a un plan B.

  7. Et revoilà les rabat-joies... Rappelons tout de même qu'une grande partie des retards - et donc des surcouts - sur les travaux de la Canopée sont dus aux recours de l'association Accomplir, qui s'est battue pour protéger quelques arbres malades.

    Le résultat final est quand même infiniment supérieur aux Halles telles qu'on a pu les connaitre au début des années 2000! Et vous devriez vous réjouir que la ville ait investi autant d'argent dans un arrondissement pourtant deja riche, central et bien doté en équipements.

    Ce geste architecture va non seulement redonner de l'attractivité au 1er arrondissement, mais aussi à Paris et la France entière, en donnant une image moderne à la première porte d’entrée en France de beaucoup d’étrangers arrivant de CDG par le RER B.

    Alors non, tout n'est pas parfait dans cette Canopée, mais sachons voir le bon coté des choses de temps en temps.

    1. Votre assertion "Une grande partie des retards - et donc des surcoûts - sur les travaux de la Canopée sont dus aux recours de l'association Accomplir" relève de la pure diffamation. Un seul de nos recours a entraîné un retard, de quelques semaines seulement, sur la démolition du jardin. Le surcoût sur le jardin a été nul ou insignifiant, et le chantier de la Canopée était très loin d'avoir commencé. Quand on ne connaît pas son sujet, on a le droit de se taire...

    2. Bien dit Le1er, le résultat est magnifique et donne une image d'un Paris moderne tout en préservant son côté historique.
      Je pense qu'en parlant des recours, sans rentrer dans les détails du nombre de recours déposés pour ce projet, Le1er voulait surtout pointer le fait que pour de nombreux projets innovants en Ile de France il y a trop souvent de trop nombreux recours qui ne représentent par forcément ce que pense l'opinion publique du projet et qui les retardent beaucoup.
      Estimons nous heureux d'être dans un pays qui autorise le débat mais n'en abusons pas et réjouissons-nous d'avoir encore des investisseurs qui soutiennent ces projets malgré le coût en temps et en argent des recours intitules (à dissocier des recours utiles)
      Cependant en effet le quadruplement du budget est assez inquiétant surtout quand on sait ce qu'on pourrait faire avec 1 milliards d'euros pour aider l'emploi, la santé, l'éducation dans notre pays.

  8. Dans le jardin tout ce que nous avions predit comme désagrément est arrivé, cela m'inquiète pour la Canopée. Et me désole!

  9. Le "péché originel" de ce projet est l'absence de convention initiale entre la Ville de Paris, Unibail, la RATP, la région, lorsque le projet a été lancé en 2002.
    La Ville s'est engagée dans un projet qui devait être prestigieux, en croyant qu'Unibail le financerait largement dans la mesure où il en serait le principal bénéficiaire. D'où la démesure architecturale : pourquoi un tel bâtiment pour abriter seulement des équipements de quartier et des commerces ? En principe, on réserve ce genre d'architecture à des établissements publics d'ambition nationale, voire internationale... Mais la Ville a cru pouvoir s'offrir le luxe d'un geste architectural grandiose aux frais d'Unibail.
    En réalité, non seulement Unibail n'a pas financé la coûteuse architecture du projet, mais il a demandé des compensations colossales pour la perte de commercialité pendant les travaux. Et la Ville n'a pas eu le choix car l'absence de convention initiale a créé un terrible rapport de force en faveur d'Unibail : ce dernier avait en effet le droit, de par son bail, de s'opposer au permis de construire déposé par la Ville. Si une convention avait été signée, chacun aurait dû définir en amont les intérêts qu'il avait à la réalisation du projet et la participation financière correspondante qu'il était prêt à assumer. Faute d'une convention, c'est le rapport de force qui a joué.
    Unibail y a recouru sans vergogne en exigeant que tous les rez-de-chaussée du bâtiment soient dévolus au commerce, d'où la suppression du grand auditorium qui était prévu sur les plans à l'angle Lescot et Berger et le fait que l’un des plus grand conservatoires de Paris se retrouve sans salle de concert digne de ce nom…
    Puis Unibail a refusé de payer un centime pour la réalisation du projet.
    Ensuite, il a obtenu que le Forum lui soit vendu par la Ville, et qu’il le soit à prix d'ami, puisqu'il occupait de toute façon les lieux jusqu'en 2050 et qu’il n’y avait donc aucune mise en concurrence possible. La Ville a abusivement présenté le prix de cette désastreuse transaction comme la « contribution financière » d’Unibail...
    Enfin, c'est un détail mais il a son importance, Unibail a exigé la suppression des grandes toilettes publiques prévues au rez-de-chaussée de la Canopée côté Rambuteau et Berger : elles auraient sans doute empiété sur les commerce et créé un voisinage gênant... Dans ce bâtiment grand comme la place des Vosges, il n'y aura donc aucune toilette publique, sauf celles à l'intérieur des équipements dans les étages, qui seront réservées à leurs usagers. La couleur jaune pipi de la Canopée érige ainsi en emblème ce qui était la caractéristique de ce quartier avant les travaux et le restera malgré le milliard dépensé pour rénover le quartier : des flots d'urine partout dans les rues, faute de toilettes publiques...
    La Canopée était annoncée, au moment du concours, comme un bâtiment léger et transparent. Mais pendant l'instruction du permis, les pompiers ont imposé l'obligation que le toit soit mis à l'air libre à 50 % afin de pouvoir évacuer les fumées en cas de sinistre dans le centre commercial. Au lieu de ménager dans le toit une grande échancrure au-dessus du cratère, un peu à la façon du stade de France, l’architecte a préféré découper des ventelles se recouvrant partiellement et vrillées afin de laisser la fameuse ouverture à 50 %. Un toit d'un seul tenant aurait pu être relativement léger, mais la création de ces ventelles indépendantes a nécessité un déluge de ferraille qui rend ce bâtiment aussi lourd que la tour Eiffel. Et on a eu beau peindre la ferraille en jaune, elle ne devient pas "lumineuse" pour autant, sauf à tricher en cachant des lampes électriques un peu partout et en les faisant fonctionner en plein jour...
    Si encore ce toit servait à quelque chose ! Mais il abrite un cratère où il sera doublement impossible d’organiser de grandes manifestations : d’abord parce que la forme en cratère ne s’y prête pas ; et ensuite parce que les normes de sécurité imposent de laisser le passage libre en cas de nécessité d’évacuer le Forum. Ce grand toit aussi coûteux qu’absurde ne servira qu’à encourager des attroupements qui ne tarderont pas à recréer le fameux "sentiment d'insécurité" qui a toujours été attaché aux Halles.
    Le jour de l'inauguration, nous n'oublierons pas non plus que ce pseudo geste architectural complètement raté et l’énorme chantier qu’il a nécessité ont conduit à sacrifier le petit bijou qu’était le jardin d’aventure Lalanne, qui faisait le bonheur des enfants des Halles et de leurs parents, mais qui, pour son malheur et le nôtre, était situé au pied de la future Canopée.
    Gageons que d’ici deux ou trois ans, quand la crasse va commencer à s’accumuler sur l’enchevêtrement de ferraille de la Canopée et que les dysfonctionnements liés aux multiples erreurs de conception vont se manifester, personne ne comprendra comment et pourquoi on a pu plaquer ce monstrueux couvercle sur le cœur de la ville…

  10. Tant d'argent pour un résulat aussi décevant... et qu'on va avoir sous nos yeux pendant longtemps...
    Parfois on a l'impression que l'architecture va à reculons... dommage...

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