Communiqué des Verts (09/06/04)

 

Le Groupe Les Verts au Conseil de Paris


 


 


 

Restructuration des Halles

Pour un cœur de Paris plus écologique

 

Quatre projets de réaménagement sont soumis au débat public. Il faut s’en féliciter. Il s’agit d’un progrès démocratique dont l’opération des années 70 n’avait pas bénéficié !

 

Pourquoi refaire des travaux aux Halles après autant d’années d’atermoiement, de chantier et de gabegies dans les années 70 et 80 ? Il s’agit de réparer les erreurs commises il y a trente ans. Le site a mal vieilli. Il doit être mis en conformité avec les règles de sécurité actuelles, répondre aux défis environnementaux de notre époque et mieux faire vivre ensemble les nombreux publics qui le fréquentent. Le débat doit porter sur le respect de ces critères objectifs prioritaires.

 

Nos critères essentiels de choix

 

·                    Pas question de subir à nouveau de longues années de travaux. Le projet doit s’inscrire dans la durée et le chantier avoir un impact minimal sur la vie des riverains et des usagers. Le phasage doit aussi permettre de conserver les usages publics du jardin, du conservatoire, etc.

·                    Le prix à payer pour ces réaménagements ne doit pas être la sur-densification du site, avec plus de commerces ou plus de bureaux. De nombreux projets sont en cours à Paris et en Ile-de-France. Il vaut mieux répartir les activités que les concentrer dans l’hypercentre.

·                                Établir un jardin d’un seul tenant. Un espace de calme dans un centre de Paris saturé, et non un espace d’animation. Un espace qui offre des lieux adaptés aux différents publics, à commencer par les enfants (préservation du jardin d’aventure Lalanne). Un espace de proximité, de respiration, pour les habitants, les travailleurs du centre commercial, les personnes en transit.

·                                Améliorer les fonctions d’échanges de la gare, pour les Franciliens. Un espace plus lisible, plus accessible (en particulier aux personnes handicapées), agréable, plus sûr. Permettre un accès au RER sans passer par le centre commercial, en particulier pour traiter les problèmes d’évacuation d’urgence et d’accès pendant les heures de fermeture du centre.

·                                Supprimer la circulation automobile souterraine de transit, récupérer les espaces en sous-sol, et surtout en surface : supprimer les trémies pour rétablir des circulations piétonnes et assurer une continuité urbaine avec les quartiers piétonniers environnants.

·                                Améliorer les conditions de travail dans le centre commercial et les équipements, et appliquer les normes de Haute Qualité Environnementale, en particulier : limiter les consommations énergétiques (climatisation et éclairage), utiliser des matériaux pérennes, faciliter l’entretien.

·                                Utiliser la gare de RER pour le fret, afin de limiter les livraisons par camion dans le centre de Paris. Le réaménagement des sous-sols doit permettre aujourd’hui d’envisager des acheminements des marchandises la nuit et des livraisons finales groupées.

·                                Une attention particulière sera portée, lors du choix ultérieur de l’entrepreneur, aux conditions de recours à la sous-traitance.

·                                Ce projet ne doit pas être de pur prestige, ni la seule expression d’une performance architecturale. Il peut en conséquence laisser une place à une ambition en matière d’art et d’architecture. Aux paysagistes et architectes de prouver que cette ambition se nourrit des exigences et des contraintes et c’est ce qui donne du sens au projet.

 

Des projets à retravailler

 

Quatre équipes de conception ont rendu leurs projets. Chacune des quatre équipes formule des propositions intéressantes qui pourront être reprises dans le projet définitif. À ce stade, la Ville doit choisir une équipe, une vision stratégique, et non un projet tout ficelé.

 

Deux équipes nous paraissent avoir des stratégies incompatibles avec nos critères de choix : celle de AJN/Jean Nouvel et celle de MVRDV/Winy Maas.

• AJN/Jean Nouvel propose de densifier le quartier, dans toutes ses fonctions, et enclave le jardin. Cette densification n’est pas compensée par le « jardin suspendu », situé à une hauteur qui paraît difficile d’accès pour le plus grand nombre. Et probablement, à terme, payant.

• MVRDV/Winy Maas procède à une remise en cause radicale de l’existant et repose sur un pari technologique incertain. L’immense toiture de verre, qui est la « clef de voûte » de l’ensemble, pose des problèmes techniques, environnementaux et d’usage (solidité, entretien, sécurité, climatisation…).

 

Pour les deux autres équipes, SEURA/David Mangin et OMA/Rem Koolhaas, il faudrait nettement infléchir les projets pour qu’ils soient compatibles avec nos critères.

• OMA/Rem Koolhaas pose deux séries de problèmes. Tout d’abord leur jardin est « colonisé » par les volumes qui en émergent, et sa fonction devient celle d’un espace événementiel, avec « des activités culturelles en synergie avec les commerces ». On est loin d’un espace de calme, vert. D’autre part ses « flacons de parfums » trop hauts et trop nombreux, ne sont-ils pas des rendus un peu fallacieux dans leur transparence, éphémères et difficiles d’entretien, voire nécessitant d’étendre la centrale thermique des Halles, déjà source de pollution du quartier ?

• SEURA/David Mangin sépare mieux les fonctions « jardin » et « équipements », mais propose une extension commerciale importante, non acceptable, et paraît bien raide, tant dans la partie jardin que dans l’immense toiture du Carreau. L’allée centrale pourrait être facilement réduite pour augmenter la surface plantée, il faudrait conserver les espaces pour les enfants. La possibilité d’accéder à la gare sans passer par le centre commercial est fondamentale.

 

Approfondir la concertation

 

La Mairie de Paris mène un travail important de concertation, avec la volonté d’associer le public à ce grand choix d’urbanisme. De nombreuses associations y ont participé dans un esprit constructif, en élaborant des propositions. Il convient maintenant d’y inclure salariés du quartier et usagers de la gare.

Cette phase de concertation mérite donc un délai. Elle doit apporter des précisions trop faiblement évoquées dans le cahier des charges. Quels coûts pour la collectivité, en investissement comme en fonctionnement, quelle durée de travaux, quelles surfaces en jardin réellement plantées et accessibles, quelles surfaces commerciales, quelles augmentations de la fréquentation, quelles consommations énergétiques, quelle amélioration des fonctions d’échanges de la gare ?… Ces éléments d’analyse, que les services de la mairie sont en train de réaliser, font partie du choix. Ils doivent être fournis au plus grand nombre.

Il s’agit d’un choix qui engage pour longtemps leur qualité de vie. La décision devrait être prise en septembre ou octobre dans la transparence et l’ouverture. D’ici là, poursuivons le dialogue !