Association ACCOMPLIR

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Compte rendu de la 5ème réunion de concertation publique

sur le projet de rénovation des Halles

organisée par l'association ACCOMPLIR

au Forum Saint-Eustache

(06/11/03)

 

Restitution du résultat des entretiens de l'association avec quelques-uns des acteurs majeurs du projet

 

Quarante-sept personnes ont participé à cette réunion. Membres d'ACCOMPLIR présents : Alain, Anne G, Anne H., Anne R.-B., Barbara, Bernard B., Bernard G., Bruno, Catherine M., Claire, Dany, Dominique, Elisabeth, Flore, Françoise A., Françoise E., Georges, Gilles, Hélène, Jean-François, Jean-Pierre, Julien, Régine, Régis, Sophie H., Stéphane.

 

Après une introduction par Gilles Pourbaix qui a rappelé les principales étapes de la concertation organisée par ACCOMPLIR et de la concertation « officielle » organisée par la SEM Paris-Centre, Elisabeth Bourguinat a présenté une restitution des résultats des entretiens menés avec quelques-uns des acteurs majeurs du projet de rénovation des Halles. Le débat a ensuite été ouvert, avec la participation d'Alain Le Garrec, conseiller de Paris et président de la SEM Paris-Centre.

 

A noter que les comptes-rendus complets des différents entretiens évoqués ici sont ou seront très prochainement disponibles sur notre site www.accomplir.asso.fr, rubrique « nos dossiers », « rénovation des Halles ».

 

*

 

1) Entretien avec Yves Contassot, Adjoint au Maire de Paris, chargé de l'environnement, de la propreté, des espaces Verts et du traitement des déchets (01/09/03).

 

Pour Y. C., il est hors de question de réduire la surface du jardin, il faudrait même l'augmenter puisque la politique de la mairie de Paris est d'accroître de 30 hectares les espaces verts parisiens d'ici 2007. Une question stratégique est le comptage des mètres carrés verts : n'en font pas partie la végétalisation verticale, ni la végétalisation en sous-sol, ni la végétalisation trop morcelée (plates-bandes isolées…), ni les arbres plantés sur un sol minéral comme sur la place des Innocents.

 

Les gens ont toujours de très nombreuses idées d'équipements à installer dans les jardins, mais cela réduit le nombre de mètres carrés verts ; attention à ne pas formuler des demandes contradictoires du type « un jardin plus grand et plus d'équipements qui minéralisent le jardin ».

 

Y. C. est contre l'organisation régulière de grands spectacles à ciel ouvert dans le jardin, a fortiori l'aménagement d'un espace correspondant : ce sont les animations qui doivent s'adapter au jardin et à ses dimensions, et non le jardin s'adapter aux fêtes qu'on veut y organiser.

 

En ce qui concerne l'installation d'une rampe de roller dans le jardin, si on ne prévoit rien, il y a un risque important de « guerre des gangs » : certains voudront peut-être accaparer l'équipement. Il faudrait envisager la création d'une association, formelle ou informelle, capable de gérer le partage de cet équipement.

 

Possibilité d'implanter des tables « multi-jeux » avec un piètement fixe et des plateaux escamotables ou interchangeables avec d'autres plateaux.

 

Y.C. souhaiterait la création d'un « jardin partagé » (jardin potager fermé, cultivé par une association de réinsertion).

 

On peut déplorer que l'allée Saint-John Perse soit « boulevardisée », mais il est important qu'il existe des axes de circulation nord et sud et est-ouest commodes, qui permettent de préserver la tranquillité du reste du jardin. Si on ne s'occupe pas de la fonction de transit, on va forcément provoquer des conflits d'usages.

 

Y.C. est favorable à ce que la circulation dans le jardin soit interdite aux deux-roues motorisées, mais pas au vélos, qui devraient pouvoir circuler sur des allées prévues à cet effet.

 

Y.C. est favorable à la suppression de la serre tropicale, qui ne répond pas aux critères du développement durable et qui constitue un obstacle à la circulation en surface.

 

Il est contre la reconstitution du square entouré de grilles qui a existé au début du 20ème siècle place des Innocents : les jardins fermés sur eux-mêmes et purement décoratifs ne correspondent plus à ce qu'attendent les gens aujourd'hui : il faut concevoir des lieux ouverts sur la ville, où l'on puisse facilement venir se reposer et se détendre.

 

L'idée qu'en supprimant les centres d'accueil et de secours aux SDF, on les fera aller ailleurs lui paraît inepte, de même que le fait d'enlever les bancs ou de les remplacer par des bancs où les SDF sont censés ne pas pouvoir se coucher, comme dans le métro : s'ils ne trouvent rien d'autre, ils se couchent par terre, mais ce n'est pas de cette façon qu'on peut les empêcher de venir dans un quartier.

 

D'accord pour remettre des bancs dans les rues : après des années de repli de chacun sur soi, les gens manifestent l'envie d'être dans la rue, de partager des choses ensemble, comme en témoigne le succès des pique-nique de quartier.

 

Contre le « tout commerce » : il semble qu'Espace Expansion soit réticent à voir les passagers de la RATP sortir directement dans la rue au lieu de traverser tout le centre commercial ; mais il ne faut pas que ces préoccupations commerciales aillent à l'encontre de la sécurité des voyageurs, et aussi de leur liberté : pourquoi devrait-on être forcément obligé de traverser un espace commercial quand on entre à Paris par la gare des Halles ?

 

 

2) Entretien avec les responsables de la société Climespace : Frédéric Martin, Directeur général adjoint ; Bertrand Guillemot, Directeur d'exploitation ; Marie-France Roy, Directrice de la communication, Régis Carton, Directeur commercial (12/09/03)

 

N.B. : Ceux qui s'intéressent à ce dossier extrêmement techniques sont vivement encouragés à lire le compte rendu complet, car cette synthèse ne peut pas entrer dans tous les détails. Nous en donnons ici seulement les conclusions générales.

 

Dans ses 90 propositions, ACCOMPLIR demandait le déménagement pur et simple de Climespace pour construire des logements à la place, mais il semble, d'une part, que ce soit difficilement envisageable parce qu'il est très difficile de trouver des emplacements pour de nouvelles centrales thermique au cœur de Paris ; que le froid se transporte beaucoup plus difficilement que le chaud ; et que l'éloignement de la centrale génèrerait donc des pertes importantes qui nuiraient à l'environnement. Il semble d'autre part que les négociations entre la Ville de Paris et Climespace pour la rénovation en profondeur de la centrale soient très avancées : si nous nous campons sur cette demande de faire déménager la centrale, il faudra assumer le risque d'attendre encore de nombreuses années.

 

En écartant la solution qui consisterait à fermer la centrale, Climespace a prévu des solutions de court terme pour diminuer les nuisances provoquées par l'activité « électricité de sécurité » et par l'activité « production de froid » ; des solutions de long terme pour la rénovation complète de la centrale en partenariat avec la Ville de Paris.

 

A noter que nous avons fortement insisté sur le fait que si, en tant que riverains, nous souhaitons évidemment que les nuisances s'arrêtent au plus vite, en tant que contribuables, nous ne voulons pas que ce soit la Ville de Paris qui « paie la casse » ; nous souhaitons que les négociations entre la Ville et Climespace soient équitables et « gagnantes-gagnantes » pour tout le monde, de sorte que la signature intervienne le plus rapidement possible.

 

Nous n'avons pas eu de nouvelles de Climespace depuis cette rencontre, alors que le directeur nous avait promis de nous tenir au courant de l'avancement du projet et que nous l'avons relancé il y a quelques jours. Nous ne savons donc rien de plus depuis septembre.

 

 

3) Concertation sur le fonctionnement du quartier piétonnier Montorgueil dans le 2ème

 

Une partie importante de nos 90 propositions porte sur l'organisation du quartier piétonnier des Halles. A priori, il nous paraîtrait souhaitable de fermer le quartier à la circulation automobile par le même type de bornes mobiles que dans le quartier Montorgueil, car elles paraissent beaucoup plus efficace que l'actuel système de barrières.

 

Mais pour ne pas reproduire une solution qui ne fonctionnerait pas, nous avons demandé à la mairie du 2ème l'autorisation d'envoyer un représentant d'ACCOMPLIR, Julien Pauchet, assister aux réunions du "comité de concertation" qui travaille en ce moment sur les dysfonctionnement du système Montorgueil.

 

La concertation va bientôt arriver à son terme, et Julien Pauchet nous informera des résultats.

 

 

4) Entretien avec Delphine Lévy (Cabinet du Maire de Paris), Agnès El Majeri (cabinet de Gisèle Stievenard, chargée de la solidarité et des affaires sociales), et Alain Le Garrec (Président de  Paris-Centre, en charge du projet des Halles) sur le projet de rénovation des Halles (29/09/03)

 

Mixité sociale du quartier : compte tenu de l'impact prévisible du projet sur le prix du mètre carré, la Ville n'a pas attendu et a commencé à réaliser des logements en amont ; bilan des opérations réalisées en vue de créer des logements sociaux dans le quartier depuis 2001 :

-         Achat par l'OPAC de l'immeuble du n° 32 rue de la Grande Truanderie : 17 logements prévus, dont 4 logements PLAI (Programme Locatif Aidé d'Intégration) et 13 logements PLUS (Programme Locatif à Usage Social)

-         Achat par la SEM-Centre de l'immeuble du 85 rue Rambuteau : 21 logements PLUS

-         Réhabilitation par la SEM de l'immeuble du 98 rue Rambuteau : 6 logements PLUS

-         La SEM étudie par ailleurs la possibilité d'acheter l'immeuble du 8, rue de la Cossonnerie [abandonné entre temps] et celui du 25, rue Saint-Denis.

 

Action sociale : Delphine Lévy suggère de soumettre à Anne Hidalgo (Première adjointe du Maire) l'idée de créer une « antenne service public » dans le Forum.

 

La création d'une « Maison de Justice et du Droit » relève du Ministère de la Justice ; celui-ci a prévu la création de trois centres de ce type à Paris, dans le 10ème, le 14ème et le 17ème arrondissements, mais il n'y en aura pas d'autres dans l'immédiat ; en revanche la Mairie pourrait envisager l'implantation d'un PAD (Points d'Accès au Droit) dans le secteur des Halles, car ce dernier fait partie du contrat de Ville.

 

Accueil des sans-abris : pour ALG, tout l'enjeu de la rénovation est d'essayer de revenir à une véritable prise en compte de ces personnes dans le quartier, conformément à la tradition des Halles selon laquelle elles faisaient l'objet d'une attention particulière, sans cependant créer une offre d'accueil telle qu'elle serait susceptible d'attirer encore plus de sans-abris dans le quartier.

 

Delphine Lévy souligne que les nuisances provoquées pour les riverains par l'implantation de structures d'accueil pour les sans-abris sont très variables : importantes dans le cas de l'Agora Emmaüs de la rue des Bourdonnais, elles sont pratiquement nulles pour la structure de la rue Saint-Bon dans le 4ème arrondissement, qui offre une trentaine de lits d'urgence, ou pour le « Resto du cœur » qui a été implanté dans la rue Rambuteau (côté 3ème).

 

La construction de salles de repos destinées aux SDF, proposée par ACCOMPLIR, ne leur paraîtrait pas très satisfaisante : l'expérience des équipes du « Recueil social » de la RATP est que les SDF qui passent leur vie dans le métro finissent par perdre leurs dernières repères d'espace et de temps, ce qui est fortement désocialisant ; c'est pourquoi elles s'efforcent de les en faire sortir régulièrement. Créer des lieux où les personnes pourraient se réfugier et dormir à l'heure où les gens ordinaires sortent et se livrent à leurs activités irait à l'encontre de l'objectif de réinsertion, qu'il faut conserver même s'il paraît très hypothétique pour beaucoup de ces personnes. De plus, de tels lieux ne seraient pas adaptés à un travail social et seraient donc purement des lieux de « surveillance ».

 

En revanche il devrait être envisageable de créer dans le quartier des Halles une antenne de l'Agora Emmaüs pour désengorger le site de la rue des Bourdonnais, sous réserve d'un accord de la DDASS, de la RATP et de l'association Emmaüs.

 

 

5) Démarches en faveur d'un marché alimentaire

 

Même s'il n'est heureusement pas nécessaire d'attendre l'aboutissement du projet de rénovation des Halles pour espérer la création d'un marché alimentaire dans le secteur des Halles, nous avions fait figurer cette demande dans nos propositions pour que les architectes puissent également en tenir compte dans leur réflexion sur l'ensemble du quartier.

 

L'une des équipes l'a d'ailleurs reprise en proposant la création d'un grand marché alimentaire le long d'une voie qui relierait la rue Montorgueil à la rue du Pont-Neuf (avec sans doute la suppression de la « bosse Montorgueil) ; on peut cependant émettre des réserves sur le fait d'installer un marché dans le secteur du jardin ; a priori ce n'est pas envisageable d'un point de vue réglementaire.

 

Nous avons parallèlement au projet relancé la Mairie de Paris et la Mairie du 1er à ce sujet, et il est apparu que le maire du 1er n'avait pas fait tout ce qui dépendait de lui pour faire avancer ce projet, et notamment n'avait pas déterminé l'emplacement où faire implanter ce marché.

 

Nous avons donc lancé une pétition en faveur de l'emplacement qui nous paraît être le seul convenable dans le quartier ; elle a reçu au total 580 signatures et nous la remettrons au maire du 1er mercredi 12 novembre.

 

Si nous obtenons ce marché, nous passerons ensuite à la deuxième phase de la réflexion : comment faire en sorte que les prix pratiqués sur ce marché ne s'alignent pas avec certains prix particulièrement élevés pratiqués dans la rue Montorgueil ? Nous sommes en train de nous renseigner sur le fonctionnement des marchés pour comprendre comment agir dans ce domaine.

 

 

6) Entretien avec Marie Jorio et Raphaël René-Bazin (RATP) (29/10/03)

 

Le projet de livraisons par voie ferrée : la RATP n'envisage absolument pas de faire du transport de fret à l'heure actuelle. Son métier et sa priorité sont d'assurer le transport des voyageurs et de l'améliorer, en particulier sur certaines lignes de RER. Or le fait de prendre en charge du fret risquerait de compliquer encore le trafic des voyageurs et d'imposer des arbitrages délicats : si un convoi de fret avait du retard, ferait-on patienter les convois de voyageurs ? A l'heure actuelle, le RER B et le RER D utilisent le même tunnel entre les Halles et la gare du Nord, d'où une saturation du trafic. Le schéma directeur du STIF (Syndicat des Transports d'Ile de France), qui organise les transports en Ile-de-France, a inscrit le doublement de ce tunnel pour au-delà de 2015 ; à ce moment-là, cet apport d'une certaine souplesse supplémentaire permettra peut-être d'envisager d'ajouter du trafic ferroviaire sur cette portion, mais pour le moment cela paraît difficile.

 

De toute façon, il faudrait d'abord s'assurer de l'existence d'un « marché » pour ce nouveau type de livraison : de quel type de marchandises s'agirait-il ? d'où viendraient-elles ? et surtout quels clients seraient intéressés ? La FNAC, par exemple, serait-elle ou non intéressée ? Les petits commerçants du quartier piétonnier, qui se font livrer par des poids lourds à n'importe quelle heure de la journée,  n'apprécieraient certainement pas de devoir aller chercher les marchandises dans une gare de fret souterraine au lieu de se les faire livrer devant leur porte.

 

Il faut donc s'assurer d'abord de la possibilité de faire fonctionner le circuit de livraison dans sa partie aval, c'est-à-dire entre une gare de fret située en sous-sol dans le Forum, qu'il s'agisse d'une gare routière ou d'une gare ferroviaire, et les magasins du quartier.

 

Pour cela il faudrait commencer par réorganiser la livraison par camions, en centralisant les arrivées de marchandises dans le Forum via la voirie souterraine et en expérimentant la livraison en surface par des véhicules propres et de petite taille.

 

Pour avancer dans la réflexion, nous allons essayer de trouver dans le quartier piétonnier un candidat potentiel à la livraison par la voirie souterraine des Halles, et voir avec lui quelles seraient les conditions concrètes de faisabilité. Le candidat auquel nous avons pensé serait le MacDo de la place des Innocents.

 

Les transformations de la gare souterraine et des sorties métro et RER : nos interlocuteurs reconnaissent que les accès actuels à la gare souterraine du RER sont insuffisants, en matière de sécurité mais surtout de confort et d'agrément ; de ce point de vue, le fait de faire descendre la lumière du jour le plus bas possible améliorerait notoirement les choses.

 

Ce que souhaite la RATP est un accès le plus clair et le plus direct possible vers l'extérieur, ce qui n'est pas incompatible avec des ouvertures sur le centre commercial, afin de ne pas faire de tort à ce dernier par rapport à la situation actuelle.

 

Une possibilité serait de créer, porte Berger, un accès direct au niveau – 4 (celui de la salle d'échange), avec des guichets de vente de billets ; l'espace nécessaire supplémentaire pourrait être pris sur les parkings sud du Forum, qui sont relativement peu occupés.

 

Le projet de sortie dans l'immeuble « Yves Rocher » qui est au carrefour rue des Halles / rue Saint-Denis / rue de Rivoli serait très intéressant parce qu'il permettrait de visibiliser l'accès au métro et d'offrir un accès plus confortable que celui de la rue de Rivoli, notoirement insuffisant. Cet immeuble se trouve au bout des quais de la ligne 1 et de la ligne 4, à mi chemin entre la gare de la place du Châtelet et la gare des Halles ; il est au bout du tapis roulant qui conduit aux Halles.

 

La sortie qui a été envisagée pour la ligne 4 directement dans le Jardin ne paraît pas une priorité. Certes, il faudrait améliorer la sortie de la rue Rambuteau, qui est peu visible (d'autant qu'elle est en partie masquée par le kiosque), mais il n'est pas évident qu'il soit vraiment utile d'ouvrir le quai de la ligne 4 à l'air libre. Ce qu'il faut, c'est améliorer la liaison entre la ligne 4 et le RER d'une part, améliorer la liaison entre la ligne 4 et l'extérieur d'autre part. De notre côté, nous craignons que l'ouverture de la ligne 4 dans le Jardin ne nuise fortement à la tranquillité de ce dernier (bruit des métros, arrivée directe de la foule pour une circulation de transit seulement).

 

 

7) Entretien avec Catherine Barbé (Directrice de l'Urbanisme à la Ville de Paris), Denis Caillet (architecte voyer général chargé de la Sous-Direction des Etudes et des Règlements d'urbanisme - SDER) et Anne Calves (architecte voyer en chef, chef de projet quartiers centraux – SDER) (01/11/03)

 

Le projet de rénovation des Halles intervient en pleine révision du Plan Local d'Urbanisme de la Ville de Paris (PLU), qui fait lui-même l'objet d'un long processus de concertation. 3.500 propositions ont été recueillies ; il va leur être apporté une réponse à partir de janvier prochain au cours de réunions dans les différentes mairies d'arrondissement ; si des travaux très importants et dérogatoires par rapport à l'actuel POS devaient être entrepris dans le quartier des Halles, la décision devrait attendre l'achèvement du PLU (été 2005).

 

En revanche, un certain nombre d'opérations pourront être entreprises avant cette date : tout ce qui relève d'opérations d'entretien pourra être réalisé dès l'adoption du projet par la Mairie de Paris en juin 2004 (environ). Les opérations qui nécessiteront des constructions et démolitions respectant les règles du PAZ et du RAZ de l'actuelle ZAC (qui s'appliquent jusqu'à l'adoption du PLU) pourront également être entreprises. Seules les très grandes opérations, s'il y en a, devront attendre pour être lancées que le PLU ait été adopté.

 

Le débat sur « le retour des tours à Paris » : si le Maire de Paris décide d'autoriser la construction d'immeubles dépassant la hauteur de 25 mètres actuellement réglementaire au cœur de Paris et de 31 m en périphérie parisienne, ce sera très probablement uniquement sur certains territoires de la couronne de Paris (notamment dans les zones de Paris Nord-Est et des Batignolles) : il n'est pas question à ce jour de construire des tours au centre de la ville.

 

Le service des enseignes et des étalages, rattaché auparavant à la direction des Finances, vient de rejoindre la Direction de l'Urbanisme, ce qui paraît plus logique et permettra une plus grande efficacité. Incessamment va commencer la révision du plan de la publicité et des enseignes, qui va permettre de changer certaines règles ; nous sommes sollicités pour nous exprimer sur ce sujet, par exemple à propos des enseignes dans le quartier Saint-Denis : qu'est-ce qui nous paraît gênant ? qu'est-ce qui nous paraît acceptable ? Gilles Pourbaix signale que le Conseil de Quartier des Halles a déjà fait plusieurs visites du quartier et qu'il serait possible d'exploiter ses observations.

 

Nous avons parlé par erreur de la publication du « programme d'urbanisme » à la mi-novembre ; en réalité, il s'agit du « programme de la 2ème phase de la mission d'étude ». Dans ce programme, un certain nombre de vetos vont être posés :

-         pas question de démolir l'immeuble Rambuteau comme une équipe en avait fait l'hypothèse,

-         pas question de construire une tour,

-         pas question de situer dans le jardin des installations pour les jeux olympiques

-         pas question de construire dans le jardin.

Inversement, un certain nombre d'accords et d'orientations vont être donnés :

-         pour supprimer une partie de la voirie souterraine (propositions à faire par les différentes équipes),

-         ou encore pour prévoir un phasage des travaux (pour ne pas rouvrir un immense chantier comme il y a vingt ans).

 

Il est probable que le projet final n'aura pas l'ampleur des hypothèses qui ont été présentées par les équipes d'architectes, mais leur travail a présenté un grand intérêt quand même : elles ont pointé par exemple le fait que la gare RER est sous-dimensionnée, de sorte que la « salle des pas perdus » se trouve en fait dans le jardin et dans tout le quartier ; même si le projet de construire en sous-sol une immense gare de 20 mètre de haut ne sera pas retenu, les différents acteurs du projet ont pris conscience qu'il fallait sérieusement améliorer le confort de la gare existante. Autre exemple, l'hypothèse de raser l'îlot Berger ne paraît pas réaliste financièrement, même en le remplaçant par une barre de 50 m de haut, mais elle a eu le mérite d'attirer l'attention sur la nécessité de requalifier la face « jardin » de l'îlot et d'améliorer la qualité de l'espace réservé à la circulation des piétons entre Rivoli et les Halles, qui est pratiquement inexistante du fait du goulot d'étranglement de la place Marguerite de Navarre et du passage des Lingères.

 

Nos interlocuteurs conviennent qu'il faudrait organiser avant avril une deuxième réunion publique, comme celle de juillet dernier, animée par exemple par le maire de Paris ou par Jean-Pierre Caffet.

 

Le montage financier de l'opération : souvent, le principe de base des aménagements urbains consiste à financer ces aménagements, ou du moins les infrastructures et les équipements publics qu'ils comprennent, par les recettes produites par l'opération, notamment grâce à la vente de surfaces commerciales. Dans certaines capitales étrangères, cela va même au-delà : on se sert des projets d'aménagement pour renflouer les caisses de la ville.

 

A Paris, c'est plutôt l'inverse : on est prêt à dépenser de l'argent pour l'aménagement si la preuve est faite qu'il existe des besoins. Bien sûr, le rôle de la Direction de l'Urbanisme est de faire en sorte d'essayer de couvrir malgré tout les dépenses par des recettes, et il semble que la SEM Paris-Centre ait particulièrement bien pris en compte cette attente, mais il ne faut pas que cela devienne le seul objectif.

 

Comment pourrait-on fixer le barème du meilleur rapport « qualité – prix » entre une rénovation suffisamment significative pour être intéressante, mais dont le coût ne soit cependant pas démesuré au point de justifier des apports de capitaux privés qui eux-mêmes contribueraient à rendre le projet encore plus important ? Catherine Barbé indique qu'au mois de février, chacune des équipes fera une proposition en termes de mètres carrés créés par destination ; ce sera à la Mairie de Paris d'arbitrer entre les différentes propositions.

 

Et si aucun des projets ne donnait satisfaction ?  D'après nos interlocuteurs, c'est peu probable : les quatre équipes ont l'air très motivées et ne voudront pas prendre le risque de perdre le fruit des efforts qu'elles ont consentis pendant tous ces mois d'études. Elles vont donc faire des propositions sérieuses et conformes aux attentes de la Mairie de Paris. Par ailleurs, la Mairie reste libre de mixer les différentes propositions et de passer des commandes particulières à chacune des équipes. Enfin, il sera toujours possible d'ouvrir un nouveau concours sur un équipement particulier si aucune solution satisfaisante n'a été trouvée le concernant.

 

La fermeture du quartier piétonnier : la connexion des barrières du quartier piétonnier au PC Montorgueil est imminente (premier semestre 2004) ; les personnes qui souhaiteront entrer dans le quartier devront expliquer leur motif et une caméra permettra à l'opérateur de se rendre compte de quel type de véhicule il s'agit. On peut espérer qu'avec la connexion au PC Montorgueil, le créneau des livraisons (7h-13h) sera mieux respecté.  La mise en place de ces barrières est une solution « économique » en attendant l'opération de rénovation des Halles et la décision éventuelle d'opter pour un système plus performant, plus esthétiques et moins « fermé » pour les habitants (du type des bornes du quartier Montorgueil).

 

Le calendrier

-         février 2004 – juin 2004 : nouvelle phase de concertation

-         juin 2004 : décision de la Mairie de Paris et définition du programme d'urbanisme

-         études d'impact sur la solution choisie et études de solutions alternatives

-         clôture de la ZAC actuelle et création d'une nouvelle ZAC en novembre 2004

-         signature d'une convention publique d'aménagement : la SEM, à qui ont été confiées les missions d'étude, recevra alors une nouvelle mission, celle d'exécuter le programme d'urbanisme. Elle deviendra alors concessionnaire de la Ville et disposera d'une plus grande marge de manœuvre. Elle pourra par exemple fixer les modalités des appels d'offre ou de réalisation des contrats, mais ne pourra en aucun cas s'écarter du programme d'urbanisme défini par la Ville, à qui elle devra rendre compte annuellement.

 

La RATP et Espace Expansion se chargeront elles-mêmes de la réalisation de leurs propres travaux : il n'y a pas de raison qu'elles laissent la maîtrise d'ouvrage à un tiers. La SEM assurera la maîtrise d'ouvrage pour les espaces du périmètre appartenant à la Ville, et jouera le rôle de coordinateur général de l'ensemble de l'opération.

 

 

8) Espace expansion : malgré nos très nombreuses relances, nous n'avons pas pu obtenir de rendez-vous, ni même un mot d'explication.

 

Nous aurions aimé les interroger au moins sur une question : souhaitent-ils, comme Dominique Bonnet, directeur du Forum, nous l'avait dit lors de notre 3ème réunion publique, une meilleure insertion dans le quartier, ce qui semble supposer une meilleure ouverture vers l'extérieur, notamment grâce à davantage de magasins ouvrant en rez-de-chaussée voire dans les étages des structures qui remplaceront les pavillons Willerval ? ou sont-ils au contraire partisans d'une « fermeture » du centre commercial sur lui-même pour perdre le moins possible des clients issus du réseau RER et métro, et qui risqueraient, si le Forum était davantage ouvert sur son quartier, de « s'évaporer » vers la rue de Rivoli ?

 

A l'heure actuelle, nous observons que de très nombreuses enseignes existent en double sur la rue de Rivoli et dans le Forum ; si les flux de piétons étaient facilités dans le quartier, il est possible que cela aboutirait à la fermeture de ces enseignes soit sur Rivoli, soit dans le Forum. Pour l'instant, nous n'avons pas d'informations sur la stratégie du Forum à cet égard.

 

 

CONCLUSION 

 

Nous saluons l'effort de concertation de la SEM Paris-Centre et des différents acteurs que nous avons rencontrés. Nous nous sommes progressivement rendu compte que ce qu'on nous disait depuis le départ, à savoir que rien n'était encore décidé, était vrai ! A travers la grande réunion publique d'information organisée en juin dernier et les 3 réunions de travail qui ont suivi, les associations du quartier ont été réellement associées à une concertation très en amont par rapport à ce qui se pratiquait dans le passé. En ce qui concerne les autres acteurs du projet, nous n'avons évidemment pas pu tous les rencontrer, par manque de temps, mais nous n'avons essuyé qu'un refus, celui d'Espace Expansion, et nos autres interlocuteurs ont contribué eux aussi de façon très positive à la concertation.

 

De notre côté, nous sommes décidés à poursuivre notre effort jusqu'au terme du processus, non seulement en tant que riverains directement intéressés à la forme que prendra le projet, mais aussi comme citoyens soucieux de contribuer à ce que notre quartier évolue dans le sens du développement durable, et ce pour le bénéfice de l'ensemble des Parisiens et des usagers ou visiteurs du site.

 

DEBAT

 

A propos du transport de fret par la RATP, Alain Le Garrec a indiqué que l'idée d'utiliser les voies ferrées pour organiser du transport de fret, qu'il a été le premier à développer, commence à faire son chemin : Marie-France Idrac, présidente directrice générale de la RATP, vient de donner son accord pour la réalisation d'une étude spécifique sur la livraison de fret dans la gare RER des Halles.

 

Un participant a demandé pourquoi nous n'avions pas montré d'images ou de plans permettant de juger de façon concrète des propositions des équipes d'architectes. Alain Le Garrec a expliqué que ces propositions concrètes n'existaient pas encore : les plans ou dessins qui ont pu être réalisés représentent de pures hypothèses ; il serait dangereux de les faire circuler au stade actuel, car certains pourraient les interpréter comme des projets « réels » alors qu'il ne s'agit vraiment pas encore de cela.

 

Concernant la proposition d'organiser une nouvelle grande réunion publique comme celle de juin dernier à l'Auditorium, Alain Le Garrec a expliqué que cette réunion était prévue en novembre, mais que le compte rendu de mandat de B. Delanoë, initialement prévu pour le 8 décembre, ayant été avancé au 13 novembre, il devenait difficile de trouver une autre date en novembre pour cette réunion. La SEM va cependant tâcher d'organiser cette deuxième réunion d'information un peu plus tard, avant la sortie des projets en avril 2004, qui fera, elle aussi, l'objet d'une réunion publique.

 

Alain Le Garrec a salué à ce propos l'attitude de l'association ACCOMPLIR, qui a à plusieurs reprises demandé à la SEM d'organiser, en plus des réunions de travail réservées aux associations, des réunions publiques ouvertes à tous les habitants, pour que ceux-ci puissent également recevoir toutes les réponses à leurs questions : en général, selon lui, les associations ont plutôt tendance à garder les informations pour elles ! Il souligne d'ailleurs que la réunion de ce soir témoigne bien de ce souci d'ACCOMPLIR de restituer toutes les informations qu'elle recueille, ce qui est d'ailleurs conforme à l'objet social qu'elle s'est donné.

 

A une question posée sur le devenir du « cratère » du Forum, A. Le Garrec a répondu que ce cratère ne pourrait sans doute pas être supprimé comme l'avaient envisagé certains concepteurs, car il semble qu'il a été prévu à l'origine pour assurer la sécurité de la sortie de la salle d'échange du RER qui se trouve juste au dessous de la place des Verrières ; sa suppression ferait du Forum un « immeuble de grande hauteur », ce qui obligerait à remanier de fond en comble le dispositif de sécurité.

 

Un participant remarque qu'on ne peut pas raisonnablement compter sur le passage des Lingères, même mieux aménagé, pour améliorer le flux de piétons entre le Forum et la rue de Rivoli : ce serait bien plus logique selon lui de compter sur la rue du Pont-Neuf, elle aussi réaménagée, pour améliorer ce flux.

 

Un participant s'étant plaint des odeurs pestilentielles qui remontent par moment des égouts dans tout le quartier piéton, Alain Le Garrec a signalé que la réalisation des travaux de réaménagement des égouts du quartier piéton qui ont été demandés depuis longtemps (des erreurs de calcul de pente ayant été commises lors de leur aménagement il y a trente ans) est prévue pour 2004.

 

Une participante a demandé si ACCOMPLIR avait renoncé à ses 90 propositions, car seulement quelques-unes d'entre elles ont été évoquées au cours de la soirée, et par exemple rien n'a été dit sur le besoin qu'ont les jeunes du quartier de disposer d'une salle « multi-activités ». Nous avons répondu que bien entendu, nos 90 propositions (contribution d'ACCOMPLIR : étape 1), à l'exception de celles qui ont été citées comme étant écartées, restent valables : nous ne les avons pas reprises au cours de cette réunion car celle-ci était plutôt destinée à répercuter les informations que nous avions pu obtenir au cours de nos entretiens. Mais lors de la sortie des projets, en avril prochain, nous reprendrons point par point nos propositions et nous regarderons en détail quel sort leur aura été fait dans les quatre projets, ainsi que la façon dont auront été prises en compte les remarques que nous avons formulées par rapport aux premières orientations des concepteurs (contribution d'ACCOMPLIR : étape 2).

 

Concernant la salle multi-activités pour les jeunes, Alain Le Garrec signale que malheureusement, le projet de création d'une maison des associations de Paris et d'une maison des associations du 1er, qui semblait près d'aboutir dans un immeuble de la rue du Louvre, s'est heurté à des difficultés techniques imprévues (impossibilité d'installer un ascenseur, et donc de respecter les obligations légales en ce qui concerne l'accueil des personnes à mobilité réduite). Un nouvel emplacement est étudié rue de Marengo, un peu plus à l'ouest dans l'arrondissement.