Compte rendu de la réunion publique sur l'ouverture

d'un centre de soins pour toxicomanes au 110 rue Saint-Denis

(Mairie du 2ème Arrdt. - 06/11/03)

 

 

Participants

 

Jacques Boutault                  Maire du 2ème Arrdt.

Jean-François Legaret         Maire du 1er Arrdt.

Philippe Coste                       Direction de l'Action Sociale et Sanitaire (Etat)

Dr Guy Sebbah                     Chef de projet pour SOS Drogue International

Sylvie Wievorka                    Adjointe au Maire du 2ème, directrice d'un centre de soins pour toxicomanes dans le 5ème

Alain Lhostis                         Adjoint au Maire de Paris chargé de la Santé

 

 

Chronologie du projet (Jacques Boutault)

 

-         Le projet d'un établissement de ce type dans le centre de Paris est ancien, c'est une implantation pertinente car les toxicomanes fréquentent le quartier.

-         En mars 2002, la Mairie de Paris a écrit au Maire du 2ème pour rappeler que les soins aux toxicomanes sont un des objectifs du contrat de mandature, et demander son avis sur l'ouverture d'un centre dans son arrondissement (le même courrier a été adressé aux Maires des 1er, 3ème et 4ème).

-         Printemps 2003 : une première vente de l'immeuble du 110 rue Saint-Denis échoue.

-         Septembre 2003 : la Mairie de Paris informe que l'achat de l'immeuble est maintenant imminent et organise une réunion à l'Hôtel de Ville pour faire connaître le projet (le 7 octobre), c'est ce jour-là que la décision est prise d'organiser la réunion de ce soir (et non pas sous la "pression" des riverains).

-         14 octobre 2003 : l'acte de vente définitif est signé.

 

Alain Lhostis précisé que la Mairie de Paris n'a pas de pouvoir dans la gestion de ce type d'établissement, mais ajoute qu'elle soutient sans réserve le projet, le choix de l'association et de l'implantation.

 

 

Présentation du projet (Dr. Guy Sebbah)

 

Ce projet est né d'une nécessité de compléter le dispositif en place en matière de lutte contre la toxicomanie dans le quartier :

-         avec les associations (Aux Captifs la Libération, la Clairière, AIDES, Cerise, ...)

-         avec les structures publiques (Hôtel-Dieu, réseau des médecins de ville, …)

 

Ce qui manque, c'est un dispositif médical in situ, là où les personnes sont en souffrance. En s'installant rue Saint-Denis, SOS-DI veut intégrer un environnement, faire connaissance avec les habitants, les associations, les services publics. L'histoire du quartier est celle d'un mélange de populations, et le centre contribuera à sa rénovation.

 

Le centre s'adressera aux personnes désocialisées, consommateurs de produits licites ou illicites (alcool, drogue, médicaments). Il s'agit d'un centre médical de pointe, avec une équipe très structurée qui s'adresse à une population déstructurée et dont l'action portera sur deux volets :

1)      Accueillir, soigner, orienter les malades, qui se présenteront spontanément ou seront adressés par des associations.

Ils seront pris en charge par une équipe médicale complète.

Cette équipe est celle qui travaille actuellement au Centre de Soins Spécialisés pour Toxicomanes de l'avenue Parmentier (11ème), autre structure gérée par SOS-DI, qui sera fermé à la fin de l'année. Son effectif actuel est de 11 personnes et il sera renforcé lors de son transfert rue Saint-Denis pour atteindre 19 personnes (médecins généralistes, psychiatres, infirmières, assistantes sociales, …).

La première étape consiste à offrir un accueil, du repos, de l'hygiène, une discussion, et une orientation vers une consultation (au centre ou à l'extérieur).

2)      Offrir deux types de consultations médicales:

-         somatiques, de médecine générale

-         psychiatriques (avec ou sans rendez-vous)

 

Ce sera un centre spécialisé, proposant un sevrage, des traitements de substitution, une orientation vers des structures de cure ou de post-cure.

 

L'accueil des patients :

-         Le centre sera ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h

-         Les arrivées et départs seront échelonnés

-         Il n'y aura pas d'attroupements devant le centre

-         L'entrée sera filtrée

-         La capacité d'accueil sera limitée à 50 personnes / jour

-         Une orientation systématique vers d'autres structures d'accueil sera proposée le soir à la fermeture

 

L'un des objectifs de SOS-DI est en effet d'orienter les malades vers les autres centres qu'elle gère à Paris ou en province :

-         Le sleep in à Paris 18ème

-         Le centre d'accueil de jour Kaléidoscope dans le 19ème

-         Le centre spécialisé dans l'accueil des adolescents et de leur entourage dans le 13ème

-         Les centre de cure, post-cure et séjour thérapeutique, principalement situés en Midi-Pyrénées et PACA

 

Par ailleurs, l'organisation à laquelle appartient SOS-DI comprend l'association "SOS Habitat et Soins", qui propose des appartements thérapeutiques.

 

D'un point de vue architectural, le centre de la rue Saint-Denis s'étendra sur les 4 premiers niveaux de l'immeuble :

-         Sous-sol : sanitaires, douches, salles de repos

-         RDC : accueil, filtrage

-         1er et 2ème : cabinets de consultations médicales

 

Le reste du bâtiment sera occupé par un institut de formation pour travailleurs sociaux.

 

Guy Sebbah conclut en précisant que le choix de la rue Saint-Denis est un "hasard" et non un choix délibéré de cette rue précise. La zone de prospection de SOS DI était le centre de Paris au sens large, le 110 rue Saint-Denis a été la seule opportunité d'acheter un immeuble entier.

 

L'ouverture du centre est prévue pour le début de l'année 2004.

 

 

Point de vue de Jean-François Legaret

 

Le maire du 1er tient à rappeler qu'il a trois objectifs principaux :

 

1)      Faire en sorte que l'effort pour éradiquer le deal au centre de Paris soit plus soutenu. Il effectue des démarches en ce sens auprès du Ministre de l'Intérieur et du Préfet de Police, car il n'est pas encore satisfait du résultat.

2)      Obtenir la requalification de la rue Saint-Denis. Pour ce faire, conjointement avec Jacques Boutault, une étude a été redemandée (les premières démarches entreprises par JFL, pourtant alors dans la majorité municipale, en 1999 n'avaient rien donné).

3)      Lutter contre la toxicomanie dans le centre de Paris. Pour ce faire, malgré des débats houleux, il a déjà accepté l'implantation du robot d'échange de kits d'injection et la présence du bus d'AIDES rue de Turbigo.

 

J.-F. Legaret déclare qu'un établissement fermé rue Saint-Denis, c'est bien mieux que de traiter les toxicomanes au milieu de la rue, ou dans un bus qui n'est là que deux demi-journées par semaine. Par souci de cohérence avec ses décisions précédentes, il soutient donc le projet.

 

Il propose de faire un bilan régulier sur la façon dont le centre fonctionne en mettant en place un comité de suivi regroupant tous les intervenants concernés.

 

 

Point de vue de Philippe Coste

 

On n'a peur que de ce que l'on ne connaît pas. Il y a toujours beaucoup de réactions du voisinage à l'annonce de l'ouverture de ce type de structure, très peu par la suite.

 

Ce projet s'inscrit tout à fait dans le cadre de la politique de l'Etat. L'expérience montre enfin que l'ouverture de ce type de centre n'occasionne pas l'arrivée de dealers dans le voisinage immédiat.

 

 

Questions / Réponses

 

Synthèse rapide des échanges qui ont suivi les exposés :

 

-         Les habitants ont surtout l'impression que la rue Saint-Denis est laissée à l'abandon.

-         Ils sont déçus par la lenteur des projets "positifs" (ouverture de la maison des associations du 2ème, réhabilitation d'immeubles, création de logements sociaux) qui traînent pendant des années alors qu'il ne se passera que quelques mois entre le rachat du 110 par SOS DI et l'ouverture du centre.

-         Plusieurs riverains d'autres quartiers où existent des structures controversées (la "boutique" de la rue Beaurepaire) ont apporté des témoignages rassurants.

-         La non consultation du Conseil de Quartier est assumée par la Mairie du 2ème : c'est un sujet qui "ne regarde pas le CdQ (sic)".

-         La communication tardive auprès des riverains est justifiée par SOS DI et la Mairie en raison des difficultés liées à la signature de la vente, et de la nécessité d'aller vite et de procéder discrètement pour saisir ce type d'opportunités immobilières.

-         SOS DI n'a pas pu (voulu?) répondre à une question sur le prix d'achat de l'immeuble.

-         SOS DI invite les habitants inquiets à passer voir d'autres centres de soins pour toxicomanes : il n'y a pas d'attroupements, de deal à proximité. Les riverains peuvent appeler les associations de quartier ou les commissariats concernés pour se renseigner.

-         Les habitants sont dans leur très grande majorité conscients de la nécessité de ce centre, ils demandent simplement une "contrepartie". La première réponse à cette attente sera la mise en place d'un comité de suivi avec des représentants de toutes les parties.

-         Enfin, en réponse à la question d'ACCOMPLIR sur l'action envisagée à l'extérieur du centre pour améliorer la situation dans le quartier, les participants ont annoncé un partenariat inter-associatif (avec AIDES, les Captifs, la Clairière) pour travailler, en coordination avec SOS DI et avec les riverains. L'objectif de ce partenariat est de réguler, dans la relation et non dans la répression, et faisant en sorte que les associations qui connaissent le terrain soient en première ligne pour la vigilance.