Libération (05/10/04)

 

La mairie de Paris présente ce matin les images affinées des architectes
Les Halles: on prend les mêmes et on continue

Par Sibylle VINCENDON

Les Halles, troisième tour de manège. Dans l'interminable feuilleton du
choix du futur architecte des Halles se joue ce matin un épisode imprévu au
départ : la présentation des projets modifiés par leurs auteurs. Ou plutôt
affinés car, dans cette procédure de marché de définition régie par le code
des marchés publics, il n'était prévu au départ que deux phases et pas
trois. Pas question donc officiellement de nouveaux projets.

Depuis la fin du printemps dernier, date à laquelle Bertrand Delanoë, maire
de Paris, a repoussé sa décision à l'automne, les quatre auteurs ­ Rem
Koolhaas, Winy Maas, David Mangin et Jean Nouvel ­ ont été priés de répondre
à une série de questions (lire ci-contre) et de fournir «quelques schémas».
Ces réponses et leurs images, ainsi que le dépouillement des 12 500
bulletins remplis par les visiteurs de l'exposition des projets seront
montrés ce matin par Jean-Pierre Caffet, adjoint à l'urbanisme, et Alain Le
Garrec, président de la SEM-Centre, qui organise la compétition. La démarche
a en fait abouti à des copies pas mal remaniées, même si les architectes
s'en défendent.

Hypothèse. Jean Nouvel affirme ainsi qu'«il n'y a aucun changement de cap au
projet. Le projet n'était pas quantifié (en mètres carrés à construire,
ndlr). Nous disons : si on prend l'hypothèse la moins dense, c'est ça ; si
on prend la plus dense, c'est ça». L'hypothèse la moins dense, justement, a
été présentée par Nouvel pendant quelques jours sous forme d'une très grande
maquette dans laquelle nombre de bâtiments avait fondu pour les remplacer
par des sortes de «serres», plus légères que le mur de constructions qui
devait enserrer le jardin. Exit aussi une partie de celles qui recréaient un
parvis fermé à l'église Saint-Eustache.

De la même manière, Floris Alkemade, chef de projet de Rem Koolhaas,
rappelle que, «dès le début, on a toujours présenté une stratégie plutôt
qu'un vrai plan». L'équipe a fait une démonstration de «flexibilité». Les
«émergences», tours émaillant le jardin, peuvent ainsi être au nombre de 12,
16, 21 ou 27, selon les besoins. «Une première étape» pourrait n'en
comporter que 5. Quant à leur emplacement, «aucune ne se trouve dans une
position telle qu'on ne puisse pas la bouger». Ainsi, celle qui ornait le
grand canyon d'accès à la gare souterraine a-t-elle été enlevée.

Accès direct. Chez David Mangin aussi, on a procédé à des ajustements. Dont
l'un, majeur, aboutit à proposer un accès direct à la gare par la place
basse de l'actuel forum, autrement dit le sol du cratère qui est aujourd'hui
à l'air libre. «Nous avons également rétréci la largeur du mail central du
jardin, et créé des salons de verdure pour éviter la grande pelouse
difficile à entretenir.» Sur l'immense toit de 145 mètres de côté, Mangin se
dit prêt «à faire des émergences, mais pas hautes, deux mètres au plus, pour
le conservatoire par exemple». Quant à l'équipe menée par Winy Maas, qui
semble depuis un moment avoir lâché le peloton, elle a nettement amendé son
«vitrail» flottant cinq mètres au-dessus du sol, évoquant même un retour au
niveau de la terre ferme à certains endroits.

Les architectes n'ont pas été les seuls à clarifier leurs idées durant
l'été. Bertrand Delanoë, qu'on avait senti hésitant sur ce dossier, «dit et
répète qu'il n'est pas question de ne pas prendre de décision», affirme
Alain Le Garrec, président de la SEM-Centre. Quand ? A l'issue d'un comité
de pilotage, sans doute fin octobre, et en laissant le temps à la commission
d'appel d'offres, où siège l'opposition, d'examiner le cas vers la fin
novembre. Après avoir pris bonne note de ce que veut le maire.

 

Questions pour quatre champions


Les quatre équipes engagées dans la compétition pour le réaménagement des
Halles présenteront ce matin la façon dont leur projet répond aux points
suivants :

­ Densité du bâti.

­ Accessibilité et usage du jardin.

­ Equipements publics métropolitains (à l'usage de l'agglomération, ndlr) et
programmation.

­ Qualité environnementale et développement durable.

­ Caractéristiques du pôle de transports (la gare souterraine RER et métro,
ndlr).

­ Circulation automobile en voirie souterraine et en surface.

­ Continuité d'exploitation et phasage des travaux.