Le Parisien (17/12/04)
        
          
       
          
          
        Urbanisme
            
    David Mangin, nouveau fort des Halles
    
    POUR DEVENIR fort des Halles, à la grande époque du « Ventre
    de Paris », il
    fallait prouver qu'on était vraiment costaud... Avec son mètre
    quatre-vingt-six, David Mangin, petit-fils du général Mangin,
    membre d'une
    famille de résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, diplômé de
    l'Ecole
    d'architecture de Paris-Belleville en 1976, va maintenant devoir démontrer
    qu'il est à la hauteur. Sa nouvelle mission, depuis qu'il a été désigné par
    la commission d'appel d'offres mercredi : porter sur ses épaules la
    rénovation de tout le quartier du Forum des Halles, du centre commercial
    et
    de la plus importante gare urbaine d'Europe.
    Avec son projet, considéré par Bertrand Delanoë comme « le
    plus pertinent »
    des quatre dossiers présentés aux Parisiens depuis mars dernier,
    cet
    urbaniste de 55 ans a commencé par mettre KO les plus grands : Jean
    Nouvel,
    architecte français de renommée internationale (et son jardin
    sur le toit),
    de même que Rem Koolhaas, son alter ego néerlandais (et ses
    derricks de
    verre). De quoi susciter bien des aigreurs.
« Il y a un énorme travail à faire » Dans les 120 m
2 de l'atelier Seura,
    allée Darius-Milhaud, dans le XIX e arrondissement - dont il est devenu
    un
    des associés il y a vingt et un ans -, la salle de travail dite « des
    Halles
» a gardé le même décor depuis le lancement de la concertation,
il y a neuf
    mois. Les esquisses de toit de verre et de cuivre, baptisé « carreau » et «
    aussi grand que la place des Vosges » sont toujours accrochées
    aux murs, de
    même que les dessins de ses ramblas cheminant à travers le jardin,
    ou de sa
    future salle des échanges de RER illuminée par la lumière
    naturelle. « C'est
    là que l'on a toujours tenu nos réunions de travail »,
    explique David Mangin
    qui, depuis deux jours, ne cesse d'y recevoir les journalistes. « Il
    va
    falloir que je trouve un système pour gérer tout ça »,
    soulignait-il hier,
    en revenant d'un colloque à Reims où il a été acclamé par
    des professionnels
    de l'urbanisme, sa spécialité. « De toute façon,
    il faut qu'on se mette au
    boulot », lance-t-il. Et tout le monde doit mettre les bouchées
    doubles
    autour de lui. « C'est vrai que nous sommes une équipe de dix à quinze
    personnes. Par rapport à la concurrence, on est une agence modeste »,
    reconnaît David Mangin. « Mais cela nous permet d'être
    réactifs. Tout le
    monde se connaît. On peut répondre aux demandes très
    rapidement. C'est la
    souplesse des petites boîtes », ajoute Jean-Marc Fritz, un des
    associés de
    l'agence. Démentant les détracteurs qui ne lui reconnaissent
    qu'une simple
    mission d'étude (payée un peu plus de 200 000 €), David
    Mangin serre les
    dents et se présente en véritable « garant de la cohérence » du
    futur
    chantier des Halles. « Je serai le coordinateur de l'opération
    pour éviter
    les collages qui ont été faits il y a vingt-cinq ans et les
    interventions
    disparates et même parfois contradictoires », qui obligent aujourd'hui
    la
    Ville à tout repenser. Les premiers rendez-vous sont déjà fixés
    avec la
    mairie de Paris. Il faut maintenant penser au calendrier des chantiers et
    au
    choix des futurs équipements qui devront s'inscrire dans le paysage. « Il
    y
    a un énorme travail à faire. Et si la Ville veut son nouveau
    jardin en 2007,
    cela va être rapidement la priorité. » Pour l'heure, ici,
    avant qu'une
    nouvelle organisation se mette en place, les écrans d'ordinateurs
    laissent
    encore apparaître les projets en cours d'un vaste parvis de la gare
    Saint-Jean à Bordeaux, la rénovation d'un îlot d'immeubles
    dans le XVII e
    arrondissement et une entrée de ville à Aix. On est loin des
    Halles. 
    
    Eric Le Mitouard