Le Parisien (01/10/04)

 

1er arrondissement.
Les Halles : un débat toujours passionnel

«Quel est votre rêve pour les Halles, M. Delanoë ? » demande une habitante
du I e r arrondissement, hier soir, au maire de Paris. Alors que la réunion
du deuxième compte rendu du mandat 2004 se tient au gymnase Berlioux, au
niveau - 3 du Forum des Halles, la question devait immanquablement arriver :
« Bien sûr que j'ai un rêve pour les Halles.
Et ce rêve, c'est de savoir prendre un risque », a répondu le maire de Paris
devant des habitants soucieux du choix qui sera fait entre les quatre
projets, dont aucun ne fait l'unanimité. Ici, dans ce quartier, le débat est
passionnel. Parfois même marqué par l'intolérance et la contradiction. Mais
personne ne veut vivre « un deuxième traumatisme », comme le souligne encore
Bertrand Delanoë, peu pressé de faire un choix. « On n'est pas à deux mois
près. Mais il faudra bien se décider un jour »... Pour le moment, il y a
bien un consensus : « Tout le monde est d'accord pour dire que ce qui a été
fait dans les années 1970 n'est pas totalement réussi. A partir de là, il
faut tenter de trouver une solution d'avenir. » Pour lui, entre les projets
classiques et délirants, il faut trouver « de la créativité et de la
douceur. Je souhaite un vrai choix urbain pour les Halles, qui respecte les
riverains, leurs besoins. Et si nous n'arrivons pas à concilier leurs
demandes avec l'exigence d'un carrefour international, on se plantera
encore. » Un homme habitant le quartier depuis 1958 souligne le « besoin de
respiration au centre de Paris ». Pour lui, cela passe par le jardin. Un
délégué CGT, représentant des 3 500 salariés du Forum, se dit inquiet. «
Nous ne voulons pas perdre nos emplois, même pendant les travaux. On
aimerait bien que les salariés soient un peu informés. Or, pour le moment,
le côté social n'est pas abordé. »
« Il faut prendre le risque de corriger ce site » André Laborde, président
du groupement économique du Forum, ajoute que la verrière inversée de
Vasconi est indispensable pour la lumière apportée aux clients et aux
employés... Une dame se lève enfin. Elle assure avoir recueilli 650
signatures de gens qui dénoncent ces « quatre projets dispendieux »... « Il
ne pourra pas y avoir de statu quo, répond aussitôt Bertrand Delanoë. Cela
manquerait de courage. Il faut au contraire prendre le risque de corriger ce
site, mais avec prudence et humilité. » Alors, ce rêve ? « Il faut de la
beauté esthétique, de la convivialité, de la respiration et de
l'anticipation. Je n'aurai pas peur, en faisant un choix, de me faire
engueuler au début. Mais je rêve que, dans dix ou vingt ans, on me dise que
j'avais finalement raison... » Toute la difficulté est là.

Eric Le Mitouard
Le Parisien , vendredi 01 octobre 2004