l’humanité (16/10/04)

 

 

Île-de-france
Les archis revoient leur copie

La Mairie de Paris prend son temps. Alors que le lauréat du concours sur le réaménagement des Halles aurait du normalement être connu fin juin, après la présentation des projets au public en avril, c’est au contraire de nouvelles questions qui ont été posées aux architectes mi-juillet, prolongeant ainsi le suspense de quelques mois. Ces questions concernaient la densité bâtie, l’accessibilité et l’usage du jardin, les équipements publics, le pôle de transports et l’hypothèse d’une logistique ferrée, le développement durable et enfin le phasage du projet, autant de thèmes apparus comme prépondérants aux yeux des Franciliens. Les réponses, dévoilant les ultimes propositions des quatre équipes d’architectes, ont été présentées le 5 octobre dernier par Bertrand Delanoë. Le choix du gagnant ne devrait toutefois plus tarder puisque l’équipe lauréate devrait être connue avant la fin de l’année.

Si l’on ne peut pas vraiment parler de recul des architectes par rapport à leurs propositions initiales, force est de constater que chacun a mis de l’eau dans son vin et a essayé de tenir compte des critiques formulées lors de la consultation du public (1) organisée tout au long de l’exposition des projets, mais aussi lors des multiples débats et prises de position qui l’ont suivie, notamment dans la presse. Fondamentalement les projets ne changent guère et les ajustements réalisés par les architectes n’affectent quasiment pas la logique de leurs intentions. Ainsi, Rem Koolhass (OMA) confirme la flexibilité de son projet, dont le principe réside dans la mise en relation entre le monde souterrain, les jardins et les bâtiments émergents. L’architecte préféré des étudiants propose également plusieurs scénarios avec 6, 12, 16 ou 21 émergences et assure pouvoir mettre en place des « chantiers chirurgicaux » permettant un phasage maîtrisé. Quant à son compatriote, Winy Maas (MVRDV), il réitère sa proposition de jardin sur podium de verre et envisage désormais une ondulation du jardin. Comme tous les autres, Maas évoque des systèmes de récupération des eaux pluviales à des fins d’arrosage.

Jean Nouvel (AJN) a, quant à lui, entendu la critique de la densité et propose de la réduire de 49 000 à 25 000 m². Cependant, il ne renonce pas à construire et garde la volumétrie générale du projet initial en évidant certains espaces transformés en préaux ou en serres, afin d’adapter la programmation à la demande. Son toit-jardin, dénommé « jardin du carreau » et qui devrait accueillir une piscine, sera fermé le soir, à l’instar des autres jardins en hauteur, le grand jardin restant lui ouvert.

Le projet de David Mangin et de l’agence SEURA, plébiscité par 31 des 36 associations répertoriées sur le site Projetleshalles.com, selon l’association Accomplir, prévoit lui aussi quelques changements mineurs. S’il conserve la volumétrie du Carreau et sa hauteur (9 m), David Mangin propose de réduire la densité « pour plus de qualité d’espaces et une meilleure identification des programmes ». Seule nouveauté, l’érection du toit d’un bâtiment pouvant accueillir le Conservatoire.

Cyrille Poy